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Collège Champittet
23 novembre, 2022

Message du directeur général - décembre 2022

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Message du directeur général - décembre 2022 - ArticlePullQuote
On peut se projeter avec réalisme dans un avenir proche où des locuteurs de langues différentes conduisent une vraie discussion de travail instantanée en traduction automatique de bonne qualité.
Message du directeur général - décembre 2022 Du mythe à la technologie: de Babel à DeepL 1

Chers Champitéens,

 

Avant Noël, je vous propose ce bref texte consacré au multilinguisme, que j’espère amusant. Le lien entre Babel et les outils de traduction automatique est bien entendu romancé.

D’après la Bible, après le déluge, les humains parlent tous la même langue. Par délire de puissance et de volonté tyrannique, ils entreprennent de bâtir une ville nommée Babel et un tour dont le sommet touche le ciel, les protégeant ainsi d’un autre déluge et s’affranchissant de la punition de Dieu. Alors Dieu brouille leur langue afin qu'ils ne se comprennent plus, et les disperse sur toute la surface de la terre.

Aujourd’hui, le nombre de langues parlées sur la terre est difficile à estimer, mais il semble se former un consensus sur environ 7'000 langues. On estime par ailleurs que près de 30'000 langues seraient apparues puis disparues, dans un mouvement de renouvellement permanent. Aujourd’hui, les 10 langues les plus parlées au monde sont, dans l’ordre, l’anglais, le mandarin, l’hindi, l’espagnol, l’arabe, le bengali, le français, le russe, le portugais et l’ourdou.

Je me souviens avoir utilisé il y a encore une poignée d’années, avec des résultats catastrophiques, les outils de traduction proposés par divers logiciels ou applications en ligne. Aujourd’hui, il ne se passe pas une semaine sans que mes collègues et moi faisions traduire un texte (celui-ci par exemple) grâce à DeepL ou Google Translate ou d’autres traducteurs en ligne. Les résultats sont étonnements bons, il suffit de relire une fois et corriger certains termes de notre jargon éducatif. Plus prodigieux encore, le fait de pouvoir obtenir directement en ligne la traduction d’une page web dans ma langue favorite. J’ai aussi déjà dialogué avec un parent d’élève venant d’Asie par le biais d’un traducteur oral sur son téléphone portable.

C’est donc bien fini de la dispersion datant de Babel : les humains peuvent communiquer à nouveau aisément entre eux. Non pas en une seule langue, mais grâce à l’interface instantanée que permet l’intelligence artificielle.

On avait annoncé la fin de l’enseignement des mathématiques lors de l’avènement, en 1972, de la calculatrice électronique, on pourrait donc se demander si l’apprentissage des langues sera toujours nécessaire. Et si lire une carte géographique amène quelque chose à lère des smartphones avec GPS intégré. Et s’il faut encore mémoriser des contenus puisque toute connaissance est disponible sur le web. Et s’il faut encore apprendre à écrire quand je peux tout dicter à Siri (Apple), ou Alexa (Amazon), ou Cortana ou Google Assistant, ou encore à mon robot domestique Tesla en devenir : ils/elles retranscrivent mon récit en texte.

Vous devinez sûrement la réponse de l’école à ces questions : la langue structure la pensée, l’écriture à la main active la mémoire motrice, les mathématiques renforcent la logique. Bref, en résumé : c’est par l’activité que nous développons nos capacités. « Externaliser notre cerveau » nous affaiblirait. Il ne faut pas non plus sombrer dans la technophobie : apprendre à maîtriser les technologies renforce notre humanité en mettant ces outils à notre service, plutôt qu’en devenir les esclaves.