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Collège Champittet
31 janvier, 2022

Message du directeur général - février 2022

Philippe
Message du directeur général - février 2022 En préparation du 120ème anniversaire du Collège en 2023, je continue de nourrir le débat sur des thèmes éducatifs. J’aimerais aborder ici la question de la relation entre enfants et enseignants. Philippe_hero banner

Chères et chers Champitéens/ennes ,

 

En préparation du 120ème anniversaire du Collège en 2023, je continue de nourrir le débat sur des thèmes éducatifs. J’aimerais aborder ici la question de la relation entre enfants et enseignants.

L’approche socio-constructiviste place l’enfant au centre de son apprentissage, lui attribue autonomie et créativité, le rend maître de son rythme de scolarité. Le professeur devient un accompagnant, un coach d’apprentissage. Cette tendance à l’autonomisation nous semble un utile contre-poids à une société trop infantilisante. Toutefois, le raisonnement poussé à l’extrême conclut que l’enfant peut apprendre sans maître, comme il/elle apprend sa langue maternelle à la maison, et trouve tous les contenus nécessaires sur internet. La technologie permettant l’école virtuelle, l’enfant pourrait finalement se passer de venir à l’école. Des algorithmes remplaceraient les professeurs.

Je ne suis pas chercheur ni même spécialiste, mais je peux fonder une opinion sur 7 ans d’observations de la réalité scolaire. Il me semble que l’approche décrite ci-dessus comporte une bonne dose « d’adultomorphisme », c’est-à-dire de considérer le comportement de l’enfant comme celui d’un mini adulte. Or, l’enfant passe par des stades de développements. 

J’ai pu visiter une haute école à Sierre qui laisse les étudiants décider eux-mêmes de leurs projets et les développer quasiment sans aide : après discussions avec ces étudiants, il apparaît que ce système ne convient qu’à une minorité, et que même pour eux, la quantité de travail et le défi de trouver ses propres ressources causent un stress considérable. On peut introduire ici une notion de performance : l’enseignant fait gagner un temps considérable à l’enfant en le guidant dans ses apprentissages. Dans la transmission des connaissances, il ne sert à rien de tout revisiter et de s’égarer dans l’univers exponentiel des connaissances : le prof vous prodigue une carte mentale et vous dirige vers les sujets dignes de curiosité.

Mais l’essentiel de l’apprentissage reste à mon avis dans la relation humaine. L’enfant décuple son intérêt, sa curiosité et sa joie d’apprendre dans une relation humaine douée d’affection avec l’enseignant/e. Souvent, l’enfant performe mieux quand il/elle aime son/sa prof. Le choix d’option est influencé par la personnalité de l’enseignant. La nature même de l’émotion relationnelle change complètement la donne de la scolarité.

Je suis profondément convaincu que, pour les élèves en âges d’école primaire et secondaire, la relation avec le/la maître reste essentielle à leur apprentissage. Les robots et algorithmes ne remplaceront jamais les enseignants, ou alors le feront très mal. Je crois qu’un enfant ne s’accomplit vraiment que grâce à la relation affectueuse, compréhensive et pédagogique avec l’enseignant/e.
 

Philippe de Korodi
Directeur général