Ciel, mon curriculum explose !

Le monde de l’éducation a ceci de particulier qu’il n’y a pas de limite aux besoins qu’il pourrait remplir. En d’autres termes, il existe une quantité quasi-illimitée de savoirs que nous souhaiterions inculquer à nos enfants. Chaque fois avec les meilleures intentions. Depuis ma prise de fonction au Collège Champittet, j’ai reçu des propositions, très intéressantes, d’introduire dans le curriculum scolaire obligatoire : plus de sport ; l’entrepreneuriat junior ; la programmation (IT coding) ; la bureautique ; la philosophie pour les petits ; la méditation en pleine conscience ; la danse pour tous ; une langue supplémentaire ; des cours de savoir vivre ; plus d’art visuel ; la pratique du débat public ; des cours de théâtre ; les droits de l’homme ; les notions de développement durable ; des cours de 1ers secours ; la méthodologie ; la psychologie ; la sophrologie ou le yoga ; le latin pour tous ; le grec ancien pour tous ; plus de maths, de sciences et plus de cours multidisciplinaires

Oublions les contraintes liées à l’emploi de professeurs qualifiés dans tous ces domaines. La vraie difficulté réside dans l’emploi du temps des enfants: comment ajouter du temps d’enseignement aux 22 à 30 heures de cours hebdomadaires (des juniors aux gymnasiens) autant de matières supplémentaires ? Examinons brièvement les solutions possibles :

- supprimer des cours actuels ? Tant que les universités requerront des examens d’entrée très académiques (maturité, bac), il sera impossible de réduire les dotations horaires.

- renoncer à l’universalité ? Nous le faisons déjà : plusieurs de ces sujets sont offerts en option « extrascolaire »

- densifier en fusionnant ? C’est la solution la plus productive : on peut parfaitement apprendre la bureautique (p.ex. maîtriser le traitement de texte ou le tableur) en faisant de l’histoire - géographie. On peut débattre lors des cours d’économie et droit. Le Collège Champittet introduit la danse dans les cours de gym par exemple. Certains sujets sont enseignés en anglais.

Nous ne doutons pas de l’élasticité du cerveau de nos jeunes. Encore faut-il qu’ils digèrent, absorbent, prennent du recul et ne deviennent pas des singes savants. Chaque cerveau fonctionne et apprend différemment : il s’agit de différencier les rythmes d’apprentissage autant que faire se peut.

Philippe de Korodi, Directeur général